« Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. » Déclaration d’indépendance américaine, 4 juillet 1776
Qu’est-ce qui nous rend heureux? Nous n’avons pas trouvé la recette magique à cette éternelle question et, aujourd’hui encore, la réflexion se poursuit. Alors que les penseurs et les philosophes ont apporté plusieurs pistes, parfois contradictoires, pour répondre à ce questionnement, les sciences s’en mêlent aujourd’hui et fournissent des données de recherche qui supportent plusieurs possibilités.
Le bonheur, c’est tendre vers un objectif que je n’atteindrai pas
Les données issues des recherches en neurosciences soutiennent l’idée que la satisfaction et le bonheur repose sur un état de recherche permanent. Atteindre un objectif précis, tel que l’achat d’une maison, l’obtention d’un diplôme, d’un nouvel emploi ou la participation à une activité de loisir, n’aurait pas d’effets significatifs sur le bien-être à long terme.
En effet, l’atteinte d’un objectif précis procurerait une satisfaction qui ne perdure que pour un court moment, alors que tendre vers un objectif, sans jamais l’atteindre complètement, procurerait un bien-être de plus longue haleine. C’est la recherche, et non le résultat, qui nous rendrait effectivement heureux. Le fait de rechercher ou de tendre vers un objectif est une activité enrichissante en soi, car elle donne une direction et un sens à notre vie.
Cette idée du bonheur est très cohérente avec notre vision moderne du progrès et de la science : il n’y a jamais de finalité à la recherche de la vérité. Chaque nouvelle donnée est un pas qui nous approche du but sans qu’on ne le touche jamais. C’est le principe selon lequel la finalité est hors de portée et que le sens de notre activité humaine est de toujours tenter de s’en approcher.
On peut illustrer cette idée en visualisant notre vie comme une carte géographique. À tout moment, nous pouvons nous « géolocaliser » sur cette carte qui indiquera où nous nous situons vis-à-vis de nos valeurs et des principes auxquels nous tenons. Ces valeurs font figure d’objectifs vers lesquels nous nous dirigeons. Nous rapprocher de ces points sur la carte nous procure le plaisir d’être sur la « bonne voie ». Ainsi, même sans atteindre jamais le point final sur notre carte, le simple fait de s’y diriger constitue un accomplissement porteur de bien-être.
Dans cette recherche du bien-être, les interventions professionnelles de soutien qui s’appuient sur ces idées tentent justement d’aider les individus à cerner le sens profond de qui ils sont, de leurs valeurs et de ce qu’il souhaite. Lorsqu’on a réussi à clarifier la réponse à ces questions, on planifie alors les étapes pour atteindre l’objectif. Et la route se poursuit…
Être heureux, c’est donc l’aventure de la recherche et de l’exploration. Pour apprécier la vie, il faut se projeter dans le futur, dans ce qu’on souhaite, se donner les moyens et les outils pour y arriver et surtout… savourer la route qui nous rapproche du résultat!
Le bonheur, c’est d’observer et d’apprécier ce qui est déjà là
Au contraire, d’autres philosophies proposent plutôt que le bonheur résiderait dans le contentement du moment. Le bonheur serait le résultat de notre capacité à « vivre l’instant présent », à l’apprécier plutôt que de rechercher activement autre chose pour nous combler. Selon ces philosophies, la souffrance est inhérente à la vie humaine et s’appuie justement sur nos désirs insatiables qui dirigent notre attention sur ce que nous n’avons pas, sur ce qui nous perturbe plutôt que sur ce qui est autour de nous et habite notre quotidien, d’un moment à l’autre.
La clé du bonheur résiderait alors dans la capacité d’orienter et de rediriger son attention et sa présence mentale. Plutôt que de nous attarder aux pensées qui nous projettent dans le futur et vers tous les obstacles qui se présenteront sur notre route, il serait plus judicieux de poser notre attention sur l’instant présent, notre environnement direct, nos sensations. Cet exercice de prise de conscience permettrait un apaisement mental qui magnifie notre façon de nous engager dans l’instant présent : réduction du stress, amélioration de l’attention et de la concentration, créativité et relations sociales plus épanouissantes.
Inspiré et dérivé de la philosophie bouddhiste, ce principe a été introduit en Occident, notamment par la méditation et la pleine conscience. Ces pratiques sont maintenant utilisées comme des formes de thérapie, et les résultats observés sont très intéressants : une thérapie basée sur la méditation pleine conscience constituerait une alternative aussi efficace qu’un traitement par antidépresseurs dans la prévention de rechute dépressive. Pourquoi donc?
On propose qu’il s’agit d’un changement de paradigme. Alors que la thérapie cognitivo-comportementale s’est longtemps attardée à contrôler le contenu des pensées pour influencer l’humeur, la tendance introduite par l’utilisation de la pleine conscience propose plutôt que les pensées négatives sont dépendantes de l’humeur et que, en dirigeant consciemment son attention, on peut mieux réguler l’humeur et modifier les pensées.
Selon cette perspective, le bonheur ne dépend pas du futur vers lequel on souhaite se diriger mais plutôt de notre capacité à diriger notre attention sur le moment présent pour en retirer le meilleur.
Et vous? Qu’en pensez-vous? Qu’est-ce qui vous rend heureux? Laquelle de ces deux options vous semble la plus prometteuse? Faites-nous en part!